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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/402

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leur feu, l’escadre française continua sa route pendant dix minutes sans riposter. Arrivés à environ 500 toises de Saint-Julien ; les vaisseaux tirèrent, et aussitôt un nuage de sable et de pierre attesta la précision de leurs coups. En même temps, les frégates et les corvettes éteignaient la tour de Bugio. Il en fut de même pour tous tes autres forts. Leurs feux, mal dirigés, ne causèrent presque pas de dommage à l’escadre française, dont les équipages, à mesure qu’ils passaient devant l’ennemi, faisaient retentir l’air de leur acclamations.

A quatre heures, le Suffren, chef de file, rangeait le fort de Bélem à 60 toises. Bientôt, le Trident, l’Alger, l’Algésiras, se portèrent, ainsi que les corvettes et les frégates, sur l’escadre portugaise embossée entre la ville et la pointe du Pontal. Primant de vitesse la plupart de ces bâtiments, la Pallas tira les premières volées. Le pavillon portugais disparut.

A cinq heures, toute l’escadre française était mouillée à 500 toises des quais de Lisbonne, où régna le plus profond silence.

L’amiral Roussin écrivit aussitôt au vicomte de Santarem la lettre suivante, qu’il remit au capitaine de corvette Olivier :

« Monsieur le ministre,

Vous voyez si je tiens mes promesses : je vous ai fait pressentir hier que je forcerais les passes du Tage ; Me voici devant Lisbonne. Tous vos forts sont derrière moi, et je n’ai plus en face que le palais du gouvernement. Ne provoquons pas de scandale. La France, toujours généreuse, vous offre les mêmes conditions qu’avant la victoire. Je me réserve seulement, en en