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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/44

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menaçante, au début d’un règne. Quant au projet de M. Guizot, relatif à la réélection des députés promus à des fonctions publiques, il tendait à réaliser une réforme, puérile pour la circonstance.

Les grandes situations veulent de grandes entreprises. Mais la bourgeoisie étant arrivée au terme de ses vœux, sa politique était d’empêcher l’éveil des désirs nouveaux ; elle devait chercher à rapetisser toute chose, parce que c’était le plus sur pour contenir les esprits.

C’est à cette politique sans élévation que sacrifiait M. Guizot, lorsque, demandant à la chambre un crédit de cinq millions, applicables à des travaux publics, il disait : « L’ébranlement ne peut cesser en un jour, et la rumeur est forte encore après le péril. Le bon sens du peuple le reconnaît, et demande au travail un refuge contre de nouvelles agitations. »

Plus tard, M. Guizot devait formuler la même pensée avec une précision cruelle, en s’écriant : « Le travail est un frein. »

Quoi qu’il en soit, les troubles allaient croissant dans la capitale ; ils commençaient même à se répandre au dehors. A Rouen, les ouvriers réclamèrent une augmentation de salaire ou une diminution de travail. Dans plusieurs lieux, la perception des impôts fut arrêtée par d’énergiques résistances. Dans le seul mois d’août, sur 15 millions que devaient produire les contributions indirectes, le trésor éprouva une perte de 2 millions. Enfin, l’impôt sur les boissons fut repoussé avec tant de vivacité, que les chambres furent forcées d’adopter pro-