Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/472

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À minuit, le dictateur Krukowiecki s’enferma avec quelques intimes, et sans en faire part à ses ministres, il écrivit au feld-maréchal pour lui demander, un entretien. Sur la réponse affirmative de Paskéwitch, il se rendit secrètement à Wola avec le général Prondzynski. Là eurent lieu de longues négociations. Un armistice de huit heures fut conclu.

Le 7 septembre, les ministres, en apprenant la démarche de Krukowiecki, donnèrent leur démission. À dix heures du matin, la Diète se réunit. Le général Prondzynski s’y présenta, et après avoir obtenu du maréchal des nonces la permission de parler, il rendit compte de l’entrevue que le dictateur et lui venaient d’avoir dans le camp russe, avec Paskéwitch et le grand-duc Michel. Ses explications furent écoutées à huis-clos[1]. Il commença par faire un tableau sinistre de la situation : « ce matin, dit-il, j’ai vu l’armée russe rangée en bataille aux pieds de nos murs, à une demi-portée de canon : elle est dans un état parfait et plus nombreuse que nous ne le supposions. En ce moment notre position est telle que, par la perte de Wola et des redoutes extérieures, nous pouvons à peine soutenir pendant quelques heures l’at-

  1. Nous avons entre les mains le manuscrit d’une traduction faite en Allemagne de procès-verbaux inédits des séances de la Diète dans la journée de l’assaut de Varsovie. Ce manuscrit précieux nous a mis à même de bien connaître la physionomie de ces mémorables scènes. Ces procès-verbaux ayant été imprimés, étaient sur le point d’être mis au jour, lorsque des agents russes achetèrent à l’éditeur allemand tous les exemplaires et les détruisirent jusqu’au dernier. C’est sur un exemplaire d’épreuves, sauvé par bonheur, qu’a été faite la traduction dont nous possédons le manuscrit.