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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/48

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dût être profonde, car sa popularité paraissait alors immense et presqu’égale à celle de Lafayette.

Mais en ce temps-là même, on entendit parler d’un événement tragique et mystérieux, qui devait marquer à jamais dans les commencements de ce règne.

Mentionner cet événement suffirait, s’il n’avait dû produire dans le peuple qu’un intérêt frivole de curiosité ou qu’une émotion passagère. Mais il eût d’abord cela de remarquable qu’à côté des désastres de la grandeur, punie dans le successeur de Louis XIV, il vint montrer, dans le dernier des Condés, les misères de la grandeur déchue. Puis, il ouvrit carrière à des débats dont le retentissement fit diversion à ces acclamations joyeuses que la bassesse humaine pousse autour des trônes nouveaux, et il éveilla des soupçons terribles, des soupçons étranges, dont nous verrons, dans les luttes ultérieures, reparaître la trace envenimée. C’est pourquoi, j’ai pensé que les détails en un tel récit ne seraient ni fastidieux ni superflus[1].

Quand la révolution de juillet éclata, le duc de Bourbon, prince de Condé, vivait tranquille dans ses domaines, également étranger aux soucis de la politique et à ses périls. Mais à la nouvelle des malheurs qui le frappaient dans sa famille, un grand

  1. Le récit qu’on va lire ne s’appuie pas seulement sur une confrontation attentive des divers témoignages fournis par une longue enquête judiciaire, il s’appuie aussi sur des documents officiels et des papiers authentiques qu’on a bien voulu nous communiquer.

    Nous avons cru devoir relater des circonstances peu importantes en apparence, parce qu’en réalité elles ont une signification grave et peuvent servir à la solution d’un aussi important et aussi triste problème.