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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/114

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oppression et désordre, chaque jour apportait un sujet nouveau d’inquiétude. Vers la fin du mois d’octobre des coalitions d’ouvriers s’étaient formées sur tous les points du royaume, et J’en passait de l’anarchie politique à l’anarchie sociale. A Lyon, les ouvriers charrons et les ouvriers tireurs d’or cessèrent leurs travaux. A Caen, les ouvriers menuisiers s’ameutèrent, réclamant une réduction du temps de travail. Au Mans, les ouvriers tailleurs avaient déserté leurs ateliers ; les maîtres appelèrent des ouvriers étrangers et prirent des arrangements avec eux. Plus heureux que leurs frères du Mans, les porcelainiers de Limoges parvinrent à faire adopter leur tarifa Mais ce fut à Paris, surtout, que ce mouvement de la classe laborieuse éclata d’une manière poignante et redoutable. Les ouvriers bijoutiers demandaient une diminution d’une heure dans la journée de travail. Le 20 octobre, ils se réunirent, au nombre de douze ou quinze cents, à la barrière des Amandiers, et là ils décidèrent qu’ils formeraient une association de secours mutuels qu’ils se grouperaient en divisions de vingt membres dont chacune choisirait un délégué, et que les délégués réunis nommeraient une commission de cinq membres chargée de traiter avec les fabricants. Le 27 octobre, une réunion d’ouvriers cordonniers eut lieu à la barrière du Maine, et une commission fut nommée pour proposer et débattre une augmentation de salaire. Les garçons boulangers, dont le travail est si rude et la vie si courte, avaient aussi élevé la voix pour que l’existence leur fût mesurée avec moins de cruauté et d’avarice ; ils