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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/139

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Car, pour ce qui est de l’empire ottoman, il ne lui restait plus qu’un souffle de vie. Le sultan Mahmoud, par des réformes accomplies avec plus d’audace que d’intelligence, avait tari sans les renouveler toutes les vieilles sources de la puissance ottomane ; il avait abaissé la domination, si long-temps vénérée, des ulémas, sans remplacer par le dogme de la liberté humaine celui du fatalisme qu’il semblait renier ; il avait exterminé l’aristocratie militaire du janissariat, pour recruter ensuite une armée dans je ne sais quelle cohue de soldats de hasard, parodistes étonnés et pesants des manœuvres européennes ; à ces pachas considérables et permanents, féodalité assise qui faisait quelquefois trembler le sultan, mais qui était une grande force quand elle n’était pas un obstacle, il avait substitué une foule de tyrans de passage, féodalité ambulante qu’il prenait pour l’unité, et qui n’était, à vrai dire, que le despotisme du maître multiplié par le nombre de ses agents. Religion, armée, administration, tout était changé, rien n’était créé, Mahmoud n’avait réussi qu’à faire le vide autour de lui, et sa toute-puissance n’était plus que dans l’impuissance Irrémédiable de son peuple. D’ailleurs, pour garder la Turquie, les Turcs manquaient. Sur une population de près de 17 millions d’habitants, on aurait à peine compté 7 millions, de Turcs, le reste se composant de Grecs, d’Arméniens, d’Arabes, de Juifs, etc… races que n’unissaient ni le lien des traditions historiques, ni celui de la religion, ni celui d’une langue commune ; races qui ne se touchaient que par là servitude ; races conquises, op-