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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/165

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moud contre Méhémet-Ali, ce même gouvernement avait pour consul général à Alexandrie un homme convaincu de la nécessité d’agrandir Méhémet-Ali aux dépens de Mahmoud. Jamais plus pitoyable anarchie ne s’était introduite dans les relations extérieures d’un grand peuple. Les conséquences ne se firent pas attendre.

L’amiral Roussin était entré à Constantinople le 17 février 1833. Son premier soin fut de demander au reis-effendi une entrevue que, malgré la solennité du Bairam, il obtint sans peine. La rudesse du marin s’alliait chez lui à la dignité de l’ambassadeur : il exigea impérieusement que les secours russes fussent contremandés, et on lui donna sur ce point toutes les assurances convenables.

Mais la Russie avait pris ses mesures pour ne pas recevoir à temps les contre-ordres, et le 20 février, trois jours après l’arrivée de l’ambassadeur français, une escadre russe de dix bâtiments de guerre entrait dans le Bosphore.

L’ambassadeur français déclara aussitôt que, si l’escadre n’était pas renvoyée, II suspendait le déchargement de ses bagages. La Porte répondit qu’elle s’empresserait de renvoyer les Russes, si, de son côté, l’amiral Roussin sauvait Constantinople d’Ibrahim. Il s’y engagea par écrit le 21 février, prit sur lui de conclure la paix aux conditions que Halil avait portées à Alexandrie ; et, fidèle à sa promesse, il écrivit à Méhémet-Ali, pour le sommer de se contenter des pachalicks de Seyde, de Tripoli, de Jérusalem, de Naplouse, une lettre pressante et hautaine.

Rien n’est plus offensant et plus téméraire que