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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/20

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la séance du 5 janvier la séance aux aveux : le parti légitimiste n’était donc pas mort, comme on l’avait tant dit et répété, puisque, pour le contenir, suivant la déclaration des ministres, il ne fallait pas moins de cent mille soldats ! Et ils adressaient à M. de Broglie des félicitations railleuses sur le service qu’il venait de rendre à la cause des bonnes doctrines, ne lui reprochant autre chose que son inconséquence, et comparant ce pouvoir, qu’on voyait vivre du passé qu’il insultait, au vautour qui vit de la proie qu’il défigure.

Le parti ministériel était engagé dans une impasse : il se défendit avec embarras ; et, comme sa confusion lui donnait les apparences de la faiblesse, l’audace de ses adversaires s’en accrut.

Tel était l’état des esprits, lorsque tout-à-coup des rumeurs étranges se répandent. Un amour mystérieux, une imprudence sans excuse, voilà ce qu’on raconte de la duchesse de Berri, et l’on parle d’un scandale inévitable. Repoussées par les légitimistes comme autant de calomnies impures, ces rumeurs sont propagées sourdement par ceux dont elles ont charmé la curiosité ou qui en recherchent l’ignoble profit. Plus volontiers que partout ailleurs, on s’en entretint au château, quoiqu’à mots couverts. Les courtisans se montraient crédules par flatterie. La reine s’étant quelquefois échappée en plaintes, moitié sévères, moitié affectueuses, sur la légèreté de sa nièce, les courtisans se plurent à leur donner, dans la circonstance, une interprétation cruelle, par cette persuasion que le roi l’aurait pour agréable. Lui, en effet, soit politique, soit Indifférence réelle,