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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/201

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sœurs, des épouses, des mères. L’espionnage habite les cachots. Un sergent-sapeur, nommé Miglio, venait d’être arrêté ; on lui donne pour compagnon d’infortune un inconnu qui se dit son comptée et prétend avoir conservé avec ses parents des moyens de communication l’infortuné Miglio tombe dans le piège. Il s’ouvre une veine et écrit avec son sang à des êtres qui lui étaient chers, une lettre qu’il remet à son compagnon. Elle figura au procès et fit traîner Miglio à la mort. L’affreux pouvoir des tortures morales avait été essayé sur un doux et noble jeune homme, M. Jacopo Rumni : il résista, silencieux dans son mépris, calme dans sa colère ; et, la nuit venue, d’un clou arraché à la porte de sa prison, il brisa le lien qui attachait à l’enveloppe mortelle son âme généreuse et indignée. En peu de temps les prisons avaient été remplies, et un grand nombre de victimes furent livrées au bourreau.

La Jeune Italie était frappée cruellement ; elle n’était ni vaincue ni dissoute. Dans le courant de l’année 1833, Mazzini se rendit à Genève où il organisa une expédition qui, traversant la Savoie, devait envahir le territoire italien. Mais, chef de la conspiration, l’insuccès des tentatives précédentes pesait sur lui. On lui adjoignit le général Ramorino, qui, par sa famille, tenait à la Savoie, et qui, depuis la guerre de Pologne, était le héros de la jeunesse italienne. Mazzini eut des doutes. Il se défiait des renommées rapides, il rappela que la Jeune Italie s’était vouée au culte des principes et non pas à celui des noms. Mais le général lui était imposé par les comités de l’intérieur et par les donneurs de fonds, presque