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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/211

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teur en chef, M. Cabet, qui, quoique membre de la Chambre, se vit traîné devant le jury, en vertu d’une autorisation obtenue sans peine des rancunes de la majorité. Le Parlement était une arène, et la discussion des affaires publiques un échange de menaces.

Dans la séance du 26 janvier, M. Larabit dénonçait la dictature militaire du maréchal Soult qui, dans une lettre aux officiers d’artillerie de Strasbourg, avait prétendu interdire aux officiers toute réclamation, même légale. Des murmures s’élèvent, et le général Bugeaud s’écrie : « Il faut obéir d’abord, » et M. Dulong de répliquer vivement : « Faut-il obéir jusqu’à se faire geôlier ? » Le général Bugeaud s’approche alors de M. Dulong, et, séance tenante, obtient une explication dont il se montre satisfait ; car elle mettait également à couvert et la dignité de l’offenseur et l’honneur de l’offensé. Mais les passions d’un parti sont plus difficiles à apaiser que le ressentiment d’un individu. Parmi les amis de M. Bugeaud, plusieurs affichèrent l’inconcevable prétention de ressentir son injure plus profondément que lui-même. On remarqua surtout, à son indignation bruyante, à sa pantomime animée, à ses promenades inquiètes le long des bancs du centre, le général Rumigny, aide-de-camp du roi.

Au milieu du tumulte, M. Dulong avait prononcé, en l’appliquant au genre d’obéissance muette et servile exigée par le ministre, le mot ignominie. Le Journal des Débats s’empare de ce mot, et lui assignant dans le compte-rendu de la séance une