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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/218

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général Bugeaud ; la remise de la lettre différée jusqu’après le combat, comme si l’on se fut réservé d’en faire usage, au besoin, contre Dulong vainqueur ; la lettre brûlée, plus tard, devant le roi ; la fête du soir non contremandée, quoique rien dans la circonstance n’eût été plus convenable, surtout s’il était vrai, comme le Journal des Débats l’affirmait, qu’on eût appris le dénoûment de la querelle avec une vive affliction !

Nous avons dû adoucir la physionomie de cette polémique, qui monta au dernier degré de violence et d’emportement. Ce que nous venons d’en rapporter suffit pour indiquer quelle était alors l’effervescence des esprits, et ce que les partis pouvaient oser.

Le meilleur ami de Dulong, son parent, Dupont (de l’Eure), n’était pas à Paris dans la cruelle journée. Les députés de l’Opposition lui écrivirent une lettre collective pour s’associer à la douleur qui l’attendait. Elle fut poignante. Ne se sentant pas la force de rentrer dans une enceinte où la mort venait de marquer une place vide à jamais, et trop convaincu, d’ailleurs, qu’on n’arrêterait pas de sitôt la France sur la pente où elle se précipitait les yeux fermés, le vénérable Dupont (de l’Eure) donna sa démission de député, voulant gémir dans la retraite sur les maux de son pays et sur ses propres maux.

Les funérailles de Dulong furent, comme sa mort, un véritable événement politique. Une foule innombrable suivit, le long des boulevards, le char funéraire. Le gouvernement craignait une insurrection : il mit sur pied les troupes dont il disposait, et