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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/282

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lége prend feu, et deux fois éteint par les écoliers, l’incendie se rallume dans le combat. Là, aux environs de l’Hôtel-de-Ville, soldats et insurgés se poursuivent à coups de fusil sur le faîte glissant des maisons. Plus loin, les deux pavillons du pont Lafayette, un moment au pouvoir de l’insurrection, vont s’écrouler sous les boulets, tandis qu’atteint par un obus, un bateau de foin descend tout en flammes du haut de la Saône et va se heurter au pont de Chazourne, dont il consume trois arches dans son passage brûlant.

Et toutefois, l’armée se montre aussi prudente qu’implacable. L’ordre a été donné aux soldats d’éviter les quartiers sinueux de ne s’avancer que pas à pas, en laissant toujours entre eux et les insurgés la longueur d’une rue et en opposant barricade à barricade ; soit qu’on voulût, comme quelques-uns l’ont pensé, faire durer le combat pour enfler le triomphe, soit que les chefs militaires se fussent exagéré la force matérielle de l’insurrection.

Dans cette dernière hypothèse, leur erreur fut profonde ; car le nombre était petit des républicains en armes ! Disséminés par petits groupes de dix, de vingt ou de trente hommes, sur une immense étendue, commandés par des chefs de passage, sans communication entre eux, sans plan arrêté, pris à l’improviste enfin, et n’ayant la plupart, pour combattre, que le sabre ou le pistolet, ils devaient puiser leur force dans leur audace, et leur audace dans la grandeur même du péril. Sur un point seulement l’insurrection occupait une position favorable c’était au centre de la ville, sur la