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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/397

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que des esprits, trop faibles pour s’élever impunément, se soient perdus dans le pays des rêves, on ne le peut nier ; mais ces résultats, trop inévitables, des infirmités de la nature humaine, ne suffisent pas pour enlever au fait général que nous venons de signaler ce qu’il présente de solennel et d’imposant.

Au reste, si l’agitation intellectuelle du parti républicain était vive dans l’intérieur de Sainte-Pélagie, elle l’était bien plus encore au-dehors. Car, les membres du congrès convoqué par les accusés dans la capitale, y étaient accourus de toutes parts ; et, à mesure qu’ils arrivaient, les questions à résoudre leur étaient soumises, de sorte que le cercle des dissidences allait s’élargissant de jour en jour. Quoique sincèrement attachés à la cause de la république, quelques-uns s’en enrayèrent. Ce furent ceux qui avaient dans l’esprit plus de netteté que de hardiesse, ou ceux qui n’avaient pas une assez longue habitude des partis pour comprendre que la difficulté de les conduire en les disciplinant est toujours moins grande en réalité qu’en apparence. Il faut, au surplus, le reconnaître : les réunions des défenseurs avaient une physionomie bizarre. Composées d’hommes qui, pour la plupart, ne se connaissaient que de réputation ou même ne se connaissaient pas, elles rapprochaient, avant d’avoir trouvé le lien qui les devait unir, les éléments les plus hétérogènes : la fermeté réfléchie des hommes du nord et la fougue des méridionaux. On y délibérait un peu confusément ; la vanité de quelques-uns y éclatait en prétentions bruyantes ; souvent les plus