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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/428

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différence qu’il y a, pour des députés inculpés, entre les sûretés du jury et les périls d’une juridiction exceptionnelle et rivale ! Comment ! vous renverriez vos collègues devant des hommes qui nous jugeront si nous les avons offensés, et que nous ne pourrons pas juger à notre tour s’ils nous offensaient ! devant des hommes qui seraient tous récusables, pour suspicion légitime, s’ils allaient juger l’un des vôtres, comme moi, par exemple, qui ai, le premier d’entre tous les députés, attaqué l’hérédité de la pairie, ses dotations et son existence ! devant des hommes qui sont, en majorité pour nous, membres de l’opposition, nos adversaires politiques d’intention, de vote et de fait ; devant des hommes qui, dans leur propre cause et par une monstrueuse copulation, sont à la fois dénonciateurs, accusateurs, instructeurs, témoins, jurés, juges et parties ! devant des hommes qui vous tiendraient bientôt, malgré vous, sous le joug de vos propres précédents, et qui, renouvelés, absorbés par des fournées de créatures ministérielles, étoufferaient, sous la menace toujours pendante de leur accusation, les remontrances et l’énergie d’une opposition généreuse !

Non, je ne puis croire que vous ne vous sentiez pas offensés de subir la prévôtale juridiction de l’autre Chambre. Je ne puis croire que vous acceptiez une si humiliante condition. ( Murmures très-vifs aux centres. )

Je ne l’accepterais pas, moi. Mes commettants ne m’ont pas envoyé pour que j’allasse traîner sur sur la sellette de la pairie les restes de votre dé-