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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/487

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trône à quelqu’un des membres de la famille bannie, de publier les noms des jurés avant ou après la condamnation, de rendre compte des délibérations intérieures du jury, d’organiser des souscriptions en faveur des journaux condamnés… Il enlevait aux gérants la faculté de donner des signatures en blanc ; il leur imposait l’obligation de dénoncer les auteurs des articles incriminés ; il les privait de l’administration des journaux durant le cours de l’emprisonnement. Il statuait qu’aucun dessin, aucun emblème, aucune gravure, aucune lithographie, ne pourraient être exposés, publiés, mis en vente, qu’après avoir subi la censure préalable ; et qu’à cette seule condition un spectacle pourrait être établi et une pièce de théâtre jouée.

Quand on songe que cet effrayant ensemble de dispositions despotiques était motivé sur les fureurs solitaires d’un misérable ; quand on songe que c’était une nation tout entière qu’on punissait ainsi du crime d’un scélérat qui lui faisait horreur ; et que c’était d’une situation exceptionnelle, passagère, qu’on faisait sortir la permanence de pareilles lois dans le pays le plus civilisé du monde, le plus jaloux de sa liberté, le plus éprouvé par les révolutions… L’esprit reste confondu d’étonnement, et l’on se demande si tout cela n’est pas un rêve.

Mais ce qui n’est pas moins triste à rappeler, c’est que les Chambres répondirent avec une sorte d’impatience grossière à l’appel qui leur était fait. Les projets du gouvernement ne rencontrèrent qu’une approbation convulsive dans les trois commissions nommées, dont les rapporteurs furent : pour la loi sur les cours d’assises, M. Hébert ; pour la loi sur le