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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/58

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rendu coupable de diffamation calomnieuse et de séquestration arbitraire. La lettre se terminait par ces mots : « La présomption légale du crime de supposition d’enfant est acquise à l’histoire. »

Mais la duchesse de Berri avait trop complètement cédé aux exigences de ses gardiens, pour que de semblables protestations eussent quelque autorité : On n’y vit généralement que la dernière clameur d’un parti au désespoir. Aussi bien, le gros du parti avait déjà perdu toute illusion, et il ne lui restait plus qu’à subir en silence cette dure loi de la vérité.

Bien fous sont les princes qui s’imaginent qu’on adore en eux autre chose que leur fortune. Marie-Caroline ne tarda pas à en faire l’expérience. Beaucoup de ses fidèles, sans cesser de la défendre en public, ne lui montrèrent plus en secret qu’éloignement, froideur et dédain. Tel qui lui aurait pardonné un crime heureux, la jugea impardonnable, parce qu’elle avait commis une faiblesse compromettante. Aux reproches que lui adressaient sincèrement, dans son parti, des hommes rigides mais honorables, se mêla le blâme de ceux chez qui le stoïcisme n’était que le masque de l’égoïsme trompé ou de l’ambition déçue. De tous les maux que Marie-Caroline avait eu à souffrir depuis plusieurs mois, celui-là fut sans contredit le plus cuisant. Il est certain que, lorsque, rendue à la liberté, elle se disposait à partir pour Palerme, le nombre fut petit des personnes qui s’offrirent pour l’accompagner. Quelques dames donnèrent même à entendre que le rôle qu’elles auraient envié auprès, de la régente