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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/100

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lution de 1830, on faisait jouer en Europe au gouvernement français Ce n’était pas ainsi que Napoléon en avait agi avec la Suisse, dont il fut presque le législateur, et qui dut tant à la protection de son génie. Mais le temps était passé des grandes conceptions et des grands hommes !

Suspendre le récit commencé devient ici nécessaire, car nous touchons à la chute de M. Thiers, sous le ministère de qui s’était engagée la querelle avec la Suisse.

Quelle fut, dans cette querelle funeste et honteuse, la part de responsabilité de M. Thiers ? La vérité est qu’il ne sut pas tout, ainsi qu’il en devait faire, plus tard, la déclaration solennelle. Il ignora, par exemple, lui premier ministre, la mission pleine d’ignominie donnée à l’espion Conseil. Mais ce qu’on peut justement et ce qu’on doit lui reprocher, c’est d’avoir accablé la Suisse, pays ami, terre de liberté, c’est d’avoir feint de prendre au sérieux des prétextes dont sa vive intelligence devinait bien le mensonge, et de s’être, par suite, associé aux entreprises des rois absolus contre le principe démocratique.

Il finit, il est vrai, par s’en repentir, mais ce fut seulement lorsque l’affront fait au fils aîné de Louis-Philippe par la Cour de Vienne vint enfin démontrer clairement combien artificieuses étaient les caresses de M. de Metternich et ce qu’avaient d’invincible ses répugnances. M. Thiers voulut alors remonter la pente. Vain effort ! La situation, telle qu’il avait contribué à la faire, fut plus forte que lui, et, comme on va le voir, elle l’écrasa.