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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/110

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que courait la révolution espagnole, le roi n’était pas homme à sacrifier au désir de la sauver son système de paix et la bienveillance du Continent.

Une crise ministérielle approchait, elle était inévitable. Toutefois, comme le roi tenait aux services de M. Thiers, qui, en matière de politique intérieure, partageait ses idées et ses répugnances, il tenta quelques efforts pour le retenir au pouvoir en le faisant céder.

M. de Talleyrand était alors en France, où il traînait une vieillesse inutile. Il s’était complétement asservi au roi, qui avait su le gagner en caressant sa vanité sénile, et, par exemple, en se tenant debout devant le fauteuil où il exigeait qu’à cause de son infirmité le diplomate pied-bot restât assis. Ce fut M. de Talleyrand que Louis-Philippe employa pour ramener M. Thiers. Mais c’était une cause que les antécédents même du négociateur rendaient bien difficile à plaider. « Quoi ! disait M. Thiers au prince de Talleyrand, c’est vous, signataire du traité de la Quadruple-Alliance, qui m’engagez à en fouler aux pieds les clauses ! C’est vous, premier ambassadeur de la révolution de juillet à Londres, qui cherchez à m’éloigner de l’Angleterre pour me rapprocher du Continent ! »

La négociation échoua donc, et de secrètes démarches furent faites pour la formation d’un nouveau~Cabinet, après qu’on eût épuisé auprès de M. Thiers la ressource des séductions. Car Louis-Philippe aimait dans M. Thiers la créature du régime inauguré en 1830, l’homme nouveau, et il n’eut jamais beaucoup de goût pour les ministres qui