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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/167

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en effet, au point du jour, le camp était levé, et l’on plaçait les tentes sur les chameaux et les mules. La petite armée d’Abd-el-Kader se composait d’environ 3,000 chevaux : elle se mit en marche, au son d’une musique étrange. Lui, monté sur son cheval, que quatre nègres lui avaient amené, il prit plaisir pendant quelque temps à le faire bondir dans la plaine, en intrépide et habile cavalier. De nombreuses salves de mousqueterie annonçaient son approche, et, pour le préserver des rayons du soleil, un de ses officiers portait à côté de lui un parasol en drap d’or, pendant qu’armés de petits sabres et couverts de boucliers, des gladiateurs charmaient par leurs combats non sanglants l’ennui de la route. Après plusieurs heures de marche, qui firent passer sous leurs yeux de riches vallons, des sites riants et d’immenses forêts d’oliviers, les envoyés français arrivèrent à Mascara, dont les habitants, avec leurs burnous surmontés de capuchons blancs ou noirs, leur apparurent, suivant l’expression de M. de Thorigny, comme autant de moines à l’oeil ardent et à la physionomie sauvage. Du reste, l’accueil qu’ils y reçurent fut affectueux de tout point. Dans une dernière entrevue, Abd-elKader les interrogea curieusement sur la situation de la France, protesta de son bon vouloir et de sa résolution de maintenir la paix « J’ai visité, dit-il, le tombeau du prophète, et ma parole est sacrée. »

La relation de ce voyage ne contribua pas médiocrement à confirmer le général Desmichels dans les espérances qu’il fondait sur sa politique paci-