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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/179

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Tlemsen, et il était rentré au camp de la Tafna, lorsque, le 5 juillet 1836, il en sortit de nouveau pour conduire à Tlemsen, sous la protection de six régiments, d’un bataillon et des indigènes auxiliaires, un convoi de cinq cents chameaux et de trois cents mulets. L’émir s’était préparé à un vigoureux effort ; et, arrivé au passage de la Sickak, le général Bugeaud trouva devant lui 7,000 hommes, y compris 1,200 hommes d’infanterie régulière. Vainement Abd-el-Kader déploya-t-il une grande bravoure unie à une remarquable habileté acculée à un ravin, son armée fut taillée en pièces. Pour échapper à la mort qu’ils avaient devant les yeux, un grand nombre d’Arabes s’étaient précipités pêle-mêle du haut d’un rocher taillé à pic : des chasseurs et des voltigeurs les attendaient au bas et en firent un affreux carnage. La victoire de la Sickak venait d’ébranler jusque dans ses fondements la puissance morale de l’émir : beaucoup de ses alliés l’abandonnèrent.

À Paris, cependant, le maréchal Clauzel poussait le gouvernement à une résolution décisive. Si nous nous bornons, disait-il, à occuper le littoral, attendons-nous à être jetés dans la mer.

Mais à l’idée d’une occupation complète, illimitée, beaucoup d’esprits s’effrayaient. La définition de M. de Broglie « Alger n’est qu’une loge à l’« Opéra » avait fait fortune parmi les doctrinaires, hommes qui manquaient souvent de portée dans les vues et qui n’étaient pas sans justifier ce mot de M. de Talleyrand : « Rien n’est plus léger qu’un lourd doctrinaire. »

Quant au roi, la possession d’Alger l’inquiétait