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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/444

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gouvernement et la nation se trouvaient d’accord, — la France avait pour Méhémet-Ali une préférence marquée. Elle lui savait gré de son culte pour la mémoire de Napoléon et de son goût pour le caractère français, de son penchant à nous imiter, de son empressement à nous servir. Et puis, c’était un homme nouveau, le fils de ses œuvres un élu des révolutions modernes. Malheureusement, et par une inconséquence grossière, la France, qui aimait le vice-roi, s’était fait représenter à Constantinople par un de ses adversaires les plus convaincus l’amiral Roussin. Ajoutons que le Cabinet des Tuileries se préoccupait beaucoup moins d’Alexandrie que de Constantinople, ce qui le conduisait à faire pour le maintien de la paix des efforts persévérants et sincères.

On le voit, quelque profonde que fût entre les cinq Puissances la diversité des intérêts ou des sympathies, considérée dans son ensemble, l’Europe se prononçait pour le statu quo et, en vue de sa propre tranquillité, elle ordonnait le repos à l’Orient.

Inutile violence faite à deux rivaux également pressés d’en finir ! À Constantinople, à Alexandrie, sur les rives de l’Euphrate, au pied du Taurus, tout respirait la guerre. Mabmoud en poussait les préparatifs avec une ardeur sourde qu’aiguillonnaient l’obligation de dissimuler et les obstacles. Tandis que par de mensongères assurances il abusait de la bonne foi de l’amiral Roussin et tenait la diplomatie en suspens, ses ordres secrets allaient ébranlant tout son empire. Le capitan-Pacha Ackmet courut visiter et fortifier le détroit des Dardanelles. Une