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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/51

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attendait mieux. Et le hasard voulut que Marie-Louise se rendît à Vienne par le même chemin qui en éloignait le duc d’Orléans. Ils se rencontrèrent donc et ce que dut être une semblable entrevue, on le devine. Dans un prince tout brillant de jeunesse, dans un prince venu des rives de la Seine, il était naturel que, malgré ses torts d’épouse et de veuve, la mère du duc de Reichstadt retrouvât, à travers les nuages du souvenir, une image absente et chère. Or, tandis que l’un se fatiguait, sur les routes de l’Europe, à chercher des héritiers pour un trône que Napoléon, en tombant, avait rendu vide à jamais, l’autre dormait de l’éternel sommeil dans le caveau sombre où l’Empire était avec lui descendu. À peine Marie-Louise eût-elle aperçu le duc d’Orléans, qu’elle fut saisie d’un attendrissement invincible. Elle voulut parler, mais en vain ; et, succombant à son cœur, elle fondit en larmes. Rapprochement fatidique ! Six ans après cette scène, une escorte gémissante et funèbre couvrait la route de Paris à Dreux, petite ville où les d’Orléans ont leurs tombeaux de famille. Un jeune prince venait de se briser le crâne contre le pavé d’un chemin, laissant une douteuse couronne suspendue sur la tête d’un enfant !