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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/110

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Si, sur la terre, Dieu venait à détendre le niveau constant de cette douleur moyenne qu’on nomme le travail, il y aurait un affaissement effroyable de la nature humaine. Rendez tout à coup quelque facilité à l’homme brut, un orgueil démesuré éclate ; la stupidité fait sortir de son sein tout ce qui s’y trouve d’insensé, de ridicule et de cruel. Prenons seulement le peuple au soir d’un jour de fête : supposons que le lendemain ne soit pas tout près !

Il est des âmes que le travail ne peut quitter un instant ; sinon elles retomberaient au fond de l’état du sauvage. En examinant de près la vie, on reconnaît combien d’hommes ne doivent leur éducation qu’à la nécessité. Beaucoup d’enfants qu’une tendre sollicitude des pères en a pour quelques jours affranchis redeviennent incessamment les plus vils et les derniers des hommes. Il est vrai, alors, que leurs vices les reconduisent si bas, que la misère reprend bientôt leur éducation par le pied.

Qui n’a vu les hommes incultes rire et manger leur faible salaire aussitôt qu’ils le tenaient ; puis perdre leur clientèle, rester sans ouvrage et pleu-