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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/13

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point s’évaporer dans une vaine littérature ou dans de vains soupirs, comme le font à cette heure tant d’écrivains, d’artistes et de rêveurs. Elles conservaient cette impression comme une plante rare, que l’exercice de la charité ou la solitude des cloîtres devait faire croître assez haut pour que Dieu en pût cueillir le fruit. Ces âmes rencontraient l’allégresse et la paix sans même quitter la terre. Le monde retenait de préférence les esprits les plus extérieurs, ou mieux, disposés à soutenir des combats d’une autre nature.


Évidemment, les hommes sont devenus plus malheureux depuis la Révolution. Ne parlons ni de la désolante instabilité des fortunes ; ni de l’accablante inquiétude attachée désormais à chaque individu comme à chaque nation ; ni de l’effrayante cupidité qui envahit toutes les classes ; ni de ces populations fatalement enlevées aux campagnes et appelées à disparaître dans les villes à la seconde et quelquefois à la première génération ; ni de la santé générale affaiblie au moment où l’homme plie sous une anxiété et un labeur exorbitants ; ni même du vertige qui entraîne aujourd’hui des nations entières