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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/140

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génie et de la douleur. Au bas sont les peines moins grandes, comme aussi les sentiments moins profonds. Ici, à mesure que le regard descend, on voit l’aigreur et le rire augmenter ; à mesure qu’il se relève, on voit régner la douceur, le sérieux, inséparables des grandes choses.

Qui n’a jeté des yeux surpris sur ce mystérieux amphithéâtre des âmes ? Sur la terre, les cercles se construisent pour elles comme Dante les entrevit dans les lieux de l’expiation. Par moments, les révolutions les dispersent toutes à la fois. Mais c’est le char élevé des saints, des héros et des hommes d’honneur qui entraîne le mouvement du monde. Les autres forment un obstacle que les premiers sont obligés de vaincre.

Plus une nature est élevée, plus est en elle le sentiment de l’infini, et plus elle souffre dans la vie. Moins une âme contient de cet instinct divin, moins elle se trouve en disparate avec ce monde. Mais plus alors elle a besoin d’être vivement travaillée par les choses du temps. Les âmes sont échelonnées sur les diverses zones de la peine.