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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/18

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Par l’abus des lectures et des rêveries, nous y substituons, dans les classes éclairées, une vie propre à engourdir la volonté et à laisser s’épuiser de plus en plus le cœur. Pourra-t-on échapper longtemps sans péril à l’éducation primitive que Dieu eut soin de préparer à toute l’espèce humaine ?

En enflant l’imagination, ces lectures, qui maintenant sont entrées dans notre existence, développent certaines aptitudes secondaires aux dépens de l’énergie du vouloir et de l’état salubre du cœur. Elles impriment un élan factice à des facultés déviées de leur but[1], et dès lors sans objet, réduites ainsi à s’exercer sur elles-mêmes et à se déchirer cruellement. Alors, se repliant de cent manières pour

  1. L’imagination et la littérature ont corrompu leur mission providentielle. C’est ainsi, par exemple, que l’art divin de la musique, donne pour nous transmettre une impression enchanteresse des joies qui lient les trois Personnes éternelles, sert à présent aux danses de théâtre et aux refrains odieux de la rue. Pour exploiter de faux sentiments, il y eut de nos jours autant d’écrivains que pour répandre de faux principes en politique. Une armée de littérateurs a travaillé à notre décadence, ceux-ci démolissant la Foi, ceux-là démolissant le cœur, d’autres démolissant les institutions du pays au moyen du libéralisme. À cette heure, ils démolissent la raison. Race fatale qu’il valait mieux laisser à la charrue, ou qui aurait dû tirer un parti plus noble de l’espèce d’instruction littéraire qui, à son préjudice, s’est un beau jour trouvée à sa portée.