Aller au contenu

Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeter après dans la torpeur[1]. Un jour elle succombe, affaiblie par le manque de ses vrais aliments, c’est-à-dire des grâces qui accompagnent ou suscitent les actes chez l’homme. Ces lectures ont produit ce ramollissement du cœur qu’on remarque chez les personnes, de plus en plus nombreuses, qui ne savent plus rien supporter. Comment alors s’arranger de la vie, plus que jamais remplie de revers de fortune, de souffrances intérieures, de maladies sans fin, de peines domestiques sans nombre ? De là une source nouvelle de suicides, jointe à celles qu’avaient ouvertes la paresse, la misère et le scepticisme.

Se voir dans la lumière, sentir battre son cœur, tenir ce beau présent de Dieu, la vie ! et, parce qu’on y trouve un soupir, la rejeter de colère à la mort..... briser la tige où va paraître un fruit d’éternel amour et de félicité. Cette odieuse frénésie, devenue le forfait du jour, n’indique-t-elle pas ce dépérissement des cœurs qui, à force d’ignorance et de lâcheté, tombent dans la dernière crise d’un idiotisme absolu ?

  1. Et ce livre, à son tour, serait un endormeur, s’il ne venait pour dissiper quelques nuages et nous inviter à l’action.