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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/202

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bien que Dieu veut se servir de sa pauvre petite créature, toute vide qu’elle est, mais d’autant mieux pénétrée de sa grâce. Sinon, tu manques à son chef-d’œuvre. De quel courage, de quel respect pour toi-même tu dois te sentir agitée ! Le Dieu jaloux veut nous ravir à tous notre admiration. Admiration si grande, s’écrie Bossuet, qu’il nous faudra une éternité pour en revenir, et qu’on n’en reviendra jamais.

Dis-toi aussi qu’à côté du méchant qui prospère, le juste souffre pour agrandir son âme, et contenir toute la récompense que la puissance éternelle prépare à un héroïsme qui a pu se former et grandir ici-bas. Dis-toi que la béatitude pénètre l’âme en proportion des sacrifices qui transforment son moi grossier. Et d’ailleurs, faudrait-il retirer à ce juste le temps de désirer son Dieu ? Le Père veut que toute créature gémisse dans l’attente de Celui qui, mettant tout au comble, va faire pleuvoir les éternelles joies.

Enfin, sache, ô mon âme, que la Providence, dont on a violé les lois, n’est point cause des afflictions qui vont atteindre l’innocent au berceau.