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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/29

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voies où le cœur ne rencontre que des sacrifices à faire, et la volonté que des obstacles à surmonter. Elles ne vivent au milieu du monde que pour voir croître leur abnégation, car elles y sont entourées de caractères vains, chez qui la personnalité a pris l’avance sur le cœur, et qui demandent à être portés ou admirés plutôt qu’à être aimés. Enfin, l’absence trop générale d’éducation, l’égoïsme croissant, l’impuissance provenant des maladies et l’instabilité des fortunes créent des états sans compensation ici-bas et donnent cours à des douleurs dont la piété elle-même se trouble, et que la charité à chaque instant s’étonne de ne pouvoir guérir.

Il ne faut pas s’étonner trop de certaines douleurs. Les hagiographies disent aussi que les âmes favorisées de grâces extraordinaires sont très souvent destinées à souffrir pour celles qui ne sauraient pas supporter la douleur. Elles traversent alors des circonstances qui deviennent pour elles-mêmes une école de renoncement parfait. Entrant en lutte avec leurs faiblesses propres, elles acquièrent les vertus qui leur coûtent le plus et qui coûtent le plus aux hommes, pour qui elles se voient offertes à Dieu comme victimes expiatoires. Mais de telles âmes, il est vrai, ne se lamentent pas.