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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/51

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coup tous les fruits de réprobation. Nul être, au reste, ne peut prendre sa forme définitive sans une dissolution de sa forme antérieure[1]. La mort est la solde de l’orgueil ; elle seule pouvait rétablir la vie pure partout où le mal avait passé. Oh ! l’admirable invention que celle de la mort ! Mais la mort avait besoin de combattre l’orgueil durant la vie, c’est pourquoi elle a envoyé en avant la douleur. La douleur est l’écuyer de la mort.

L’homme altier s’est soumis, l’homme dur s’est attendri, l’homme paralysé s’est ranimé en prenant le breuvage de la douleur. D’une liberté épuisée, elle a su faire sortir les triomphes de la patience ; d’un amour éteint, elle a su faire jaillir les gloires du renoncement, et d’un être déformé par l’orgueil, elle a tiré une âme déjà resplendissante !

  1. « Le grain ne porte point d’épi, dit l’Évangile, s’il ne meurt dans la terre. » Dissolution du mal, la mort s’arrête quand ce dernier s’évanouit. Les Pères ont appelé l’homme la plante mystique de la résurrection.

    « Dieu n’est pas l’auteur de la mort, s’écrie Mgr de la Bouillerie ; Deus mortem non fecit ; il ne sait que donner la vie creavit hominem inexterminabilem ; c’est le péché, notre ennemi, qui a semé l’ivraie de la mort ; Dieu nous a envoyé son Fils, qui était la vie, in ipso vita erat. Il a rendu à l’homme son immortalité. »