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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/54

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lorsque l’homme vient d’être travaillé par l’affliction, avec quelle aisance il respire le moindre contentement ; comme son cœur s’ouvrirait alors à toutes les délices de la vie immortelle !

La douleur sanctifie. Et elle sanctifie à un point qu’il n’est pas donné à celui qui la souffre de le savoir, si ce n’est peut-être par le sentiment qu’il en garde au fond de sa conscience. Remarquez combien les personnes qui ont souffert ensemble s’estiment après ! Le fait est surtout visible chez les époux, qui peuvent mieux s’apercevoir du perfectionnement qui s’est fait en leur cœur.

La douleur seule entre assez avant dans l’âme pour l’agrandir. Elle y réveille des sentiments que l’on ne soupçonnait point encore : elle va toucher jusqu’aux sources de la sainteté ! Dans ses élans, elle donne essor à des émotions que les plus grands artistes peuvent à peine entrevoir. Il y a dans l’âme des places très élevées où dort la vitalité, et que la douleur seule peut atteindre : l’homme a des endroits de son cœur qui ne sont pas, et où la douleur entre pour qu’ils soient !

Ne redoutons pas les ravages de la douleur.