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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/81

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lutter ; et toi-même, pauvre cœur, tu ne peux vivre sans aimer ! Et l’homme ne fera pas un mouvement sur la terre qui ne soit pour lui un effort ; il n’apercevra pas une chose visible qui ne fasse impression sur son cœur. Dès lors, les sueurs couleront, vraies larmes de la volonté ; dès lors, se répandront les larmes, sueurs véritables du cœur.

La lutte ainsi fondée, la personnalité va naître.

D’abord, la volonté et le cœur restent enfouis sous le triple verrou des organes, bien que ces organes, encore faibles et délicats, soient en tout proportionnés aux débuts de notre âme. Mais la terre vierge de l’innocence, toute rapportée du ciel, est comme la nature primitive de la vertu. Ainsi l’homme dans l’enfance.

Peu à peu, l’âme secoue l’inertie ; le poids de la paresse tombe, la volonté rencontre une obéissance plus aisée ; déjà il lui en coûte moins d’agir. Peu à peu, également, l’homme sort de lui-même ; l’attache du moi se délie, le cœur commence à vivre en autrui ; déjà il lui en coûte moins d’aimer. Ainsi l’homme dans la jeunesse.