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Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/85

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souffrance vienne en reprendre une partie, De même, lorsque le cœur n’a point germé, le léger sol de l’enfance suffit ; à moins que, faisant de ce cœur un dépôt d’envie ou de haine, l’homme n’ait besoin que le tranchant de la douleur vienne l’ouvrir. Le méchant souffre sur son iniquité, le juste à cause de sa gloire.

Qu’on ne s’y trompe plus : l’homme jamais ne jouira. Le souhait, l’unique souhait du cœur est celui qui ne s’accomplit pas ; toute chose se présente au moment où le désir finit. D’un bien acquis, l’homme s’élève aussitôt vers un autre, et c’est toujours dans le dernier qu’il espère prendre pied. Car l’espérance revient chaque fois lui aider à faire le pas. Il marche ainsi jusqu’à la fin dans les illusions de la vie.

L’homme ne peut s’arrêter : il n’a que le temps de grandir. La vie disparaît, quand les efforts sont terminés et que la douleur est finie. La lutte est faite le jour où l’homme est résigné ; l’amour subsiste le jour où il a tout abdiqué ! Car la résignation achève ontologiquement la volonté, et le renoncement est l’acte suprême du cœur.