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Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/105

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— Peste ! s’écria le blessé, nous sommes bien naïfs, nous autres paysans, qui tirons de si petites rentes de nos grosses valeurs en terres. Puisque je te tiens là, monsieur le financier, explique-moi un peu ce grimoire de Bourse auquel je ne comprends goutte. Nous sommes parfois embarrassés pour placer nos pauvres sous. Nous craignons de tout perdre en les échangeant contre du papier. Puisque tu es si malin, tu devrais bien débrouiller mon ignorance.

Charles prit son rôle d’initiateur au sérieux, sans se défier du genre d’intérêt que son oncle portait à cette question ; il déploya toute sa science financière, jaugea chaque valeur de Bourse au point de vue de ses garanties et de son aléa, révéla tous les dessous de cartes à lui connus, et détailla les finesses du jeu serré qui permet de spéculer presque à coup sûr.

M. Maudhuy l’écoutait avec attention, se faisait expliquer les termes dont le sens lui échappait, et l’interrompait aussi de temps à autre pour poser quelque objection qui ne servait qu’à ranimer la verve de son neveu. Placé sur son terrain favori, Charles abondait en démonstrations appuyées d’anecdotes en guise d’exemples. Le malade le laissa discourir tant qu’il voulut ; mais quand vint la péroraison par laquelle le jeune homme offrit à M. Maudhuy son concours dévoué pour les placements auxquels il avait été fait allusion, son oncle lui répondit :