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Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/115

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« Pourquoi ne m’écrit-elle jamais ?

« Les malades ont tant d’heures dans le jour pour s’ennuyer ! Si elle veut bien m’écrire, qu’elle sache que plus sa lettre sera longue, et plus j’en serai satisfait. »

— Qu’à cela ne tienne, s’écria Cécile en posant sa broderie après que sa mère lui eut lu ce post-scriptum, il y a si longtemps que j’écris à mon oncle des lettres guindées que j’ai de l’arriéré à lui servir et de quoi noircir bien des pages.

Elle alla s’enfermer dans sa chambre, s’assit devant son petit bureau et se mit à écrire tout couramment :

« Vous avez raison, mon cher oncle, de trouver que je ne vous ai jamais écrit. Ces pauvres lettres que je vous ai adressées depuis huit ans, au jour de l’an et pour votre fête, je ne les compte pas plus que vous au nombre de ces effusions du cœur qui sont si douces, et à l’enfant qui offre ce gage de tendresse, et au parent qui les reçoit. Je vous savais irrité contre nous, et même au temps où je n’étais qu’une adolescente, je me croyais obligée de rester dans les strictes limites de la déférence. Je n’osais m’abandonner à ces élans d’affection qui veulent toute assurance d’être bien accueillis.

« J’étais bien jeune quand j’ai quitté Sennecey après y avoir passé trois mois près de vous ; mais ces trois mois qui ont débuté par le deuil cruel de mon père m’ont suffi pour apprendre à vous apprécier, j’ose le dire, à vous aimer. Vous avez été si bon