Aller au contenu

Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de goût pour l’état de borne, je m’ennuie cruellement à Sennecey. Ah ! toujours voir la montagne de Laives et celle du Mouron quand on rêve des Alpes et des Pyrénées !

— Pourquoi pas de l’Himalaya ?

— Et aussi de l’Himalaya, poursuivit Reine avec la même crânerie sémillante. Savez-vous pourquoi j’ai pris en horreur cet ouvrage sur la Chine dont nous parlions l’autre jour ? c’est par jalousie contre le Père Huc qui a vu tant de choses étranges qu’il me sera impossible de voir par moi-même après lui. Ah ! si ma mère avait éprouvé à mon âge la même impatience contre les horizons connus, elle n’aurait pas épousé M. Limet, notaire à Sennecey, maison porte à porte avec celle de ses parents. Oui, je ferai des confitures à quarante ans, car ne croyez pas que mes instincts voyageurs me portent à vouloir abdiquer mon rôle de femme ; mais je ne les ferai pas avec des fruits de Sennecey… Et voilà, Mademoiselle Maudhuy, conclut Reine en saluant Cécile d’une inclination de tête un peu cérémonieuse, pourquoi je vous ai fait l’autre jour les honneurs du seul prétendant que la voix publique m’attribue. D’abord, il est de Sennecey, et il s’y trouve plus enraciné que moi par ses propriétés. — Moi je n’ai qu’une dot en argent et toute petite. — Puis, il est trop instruit, trop sensé, trop paisible pour moi. Enfin, mon père me chante ses éloges avec une persistance qui à elle seule aurait suffi pour me le faire prendre en grippe, et j’aimerais