Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/87

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Charles à l’épaule, je vous surprends à mesurer sur ce cadran combien les minutes sont de durée plus longue au village qu’à Paris. Ne vous en défendez pas, je conviens du fait. Quand j’ai eu la chance de prendre quelque échappée dans une grande ville, j’en ai pour deux ou trois semaines à me réacclimater dans notre pauvre bourg. Mais je ne vous abandonnerai pas à votre ennui ; puisque vous n’avez personne pour vous tenir compagnie, je vous emmène souper chez moi. C’est une chose convenue avec votre oncle et Mme Trassey.

— Vous avez vu mon oncle ?

— Eh ! naturellement : je venais pour prendre de ses nouvelles. Il paraît qu’il a eu un léger accès de fièvre ce matin ; mais il ne lui en reste plus que la lassitude. Quant aux douleurs de sa jambe et de ses contusions, il les subit avec patience. Il m’a conté qu’il avait été trop ému, trop touché de votre arrivée pour avoir la force de vous voir tout de suite.

— Ému…, touché ! répéta le jeune homme avec une intonation amère dans la voix.

— Il me semble que vous doutez du plaisir qu’il aura à vous revoir ? s’écria M. Limet en écarquillant ses gros yeux d’un air un peu offusqué.

— Vous devriez vous étonner moins qu’un autre, monsieur Limet, que telle soit mon impression, puisque vous avez rédigé la dépêche qui m’enjoignait de rester chez moi. Si, en m’abordant, vous m’avez trouvé l’air déconfit, c’est qu’on ne peut