Aller au contenu

Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/437

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une finesse et d’un moëlleux particuliers, joints à l’élégance de leur drapé, les fit rechercher avec empressement et à des prix extraordinaires. Bien que l’introduction des châles ait été certainement l’un des résultats les moins prévus de l’expédition d’Égypte, il est l’un de ceux cependant qui ont le plus influé sur la richesse nationale, en faisant naître une des plus belles et des plus précieuses industries de la France. L’emploi des châles eût été impossible avec les modes en usage avant cette époque, mais, par la plus heureuse des combinaisons, ce vêtement parut juste au moment où le costume des femmes subissait chez nous une métamorphose complète. Les dames françaises trouvèrent que ce grand carré d’étoffe s’adaptait merveilleusement à la mode nouvelle et elles l’admirent avec empressement à remplacer le mantelet, qu’elles trouvaient, avec raison, dépourvu de grâce, quoiqu’elles le reprennent aujourd’hui à cause de sa grâce, et toujours avec raison, comme dit M. Rey, l’un des fabricants qui aient le plus écrit sur les châles.

Le châle de l’Inde, une fois adopté, il devint impossible aux maris d’en refuser à leurs femmes ; cependant, toutes ne purent en avoir ; leur rareté et leur prix inabordable en firent, pendant quelque temps, le vêtement privilégié des hautes classes. C’est à cette époque que remontent les premiers efforts tentés par quelques industriels français, et surtout parisiens, tels que les Bellangé, les Colin, les Lu-