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Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/444

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qu’ils servent à fabriquer les cachemires français, qui sont les types des autres châles, et parce qu’il serait trop long et à peu près inutile de vous détailler les divers procédés qui ont été essayés dans cette industrie. On ne peut guère établir de comparaison entre la tire et le jacquart : chacun a ses avantages et ses inconvénients. Dans les deux systèmes, l’ouvrier travaille à l’envers, en copiant un dessin retranscrit sur une grande surface de papier divisée en une infinité de petits carrés représentant chacun un fil. L’action de peindre ce grand canevas est ce qu’on appelle la mise en carte. La lecture ou le lisage de cette carte a pour but de représenter, sur des milliers de cartons, par des trous, la disposition des fils de chaque couleur. Ces cartons sont ensuite accrochés au métier, où l’ouvrier tisserand n’a plus, pour ainsi dire, qu’à agir mécaniquement pour produire son œuvre. Sans doute, Messieurs, ceux d’entre vous qui n’ont jamais vu de métiers à châles ne me comprennent point ; mais ce n’est pas tout-à-fait ma faute : le mécanisme est trop compliqué pour qu’il me soit permis de l’exposer en si peu de mots, et la première vue du métier ne suffit pas toujours pour en avoir une idée nette et précise. Je me bornerai donc à vous dire que le procédé au moyen duquel le canevas est traduit en trous sur les cartons, celui au moyen duquel les cartons sont mis en contact avec la chaîne, pour que l’ouvrier soit l’interprète du dessinateur, a quelque, chose de merveilleux qui fait honneur au génie, français.