Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1836-1837.djvu/542

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compte ; car la peine qu’il faut se donner pour acheter les vins, les travailler et les rendre propres à l’exportation, sont telles, qu’il serait presque impossible de se charger de tous ces soins à des conditions qui satisferaient les commettants, s’ils n’avaient à leurs secours une très grande habitude.

Jetons un coup d’œil sur la situation de ce commerce. Vous savez, Messieurs, que Bordeaux a appartenu plus de deux cents ans aux Anglais ; pendant ce long espace de temps, nos voisins s’étant habitués sans peine aux vins de cette partie de la France, continuèrent à s’approvisionner à Bordeaux, lorsque cette partie du territoire fut redevenue française. Au 16° siècle, on évaluait à 25,000 tonneaux la consommation anglaise en vins de France, mais aujourd’hui, ils ne nous en demandent pas la dixième partie. Cette révolution, commerciale, car c’en est une véritable, a été occasionnée par le traité de Méthuen, ainsi appelé du nom de son auteur le baron de Méthuen, ministre du roi d’Angleterre. Ce traité n’avait que quelques lignes, et ces quelques ligues peuvent se réduire à ce peu de mots : l’Angleterre achètera le vin au Portugal, et le Portugal n’achètera ses marchandises qu’en Angleterre. Ţelle est, Messieurs, l’origine de la décadence des vins de Bordeaux, et du goût tout-à-fait grossier que les Anglais ont pris pour les vins détestables et corrosifs de Porto et analogues.

Quelques personnes ont pensé que la liberté du commerce, serait, capable de guérir ce malaise ; mais je ne puis être de leur avis. Les Anglais sont