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Page:Blanqui - Critique-sociale II.djvu/25

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le numéraire

Tandis que la viande, le poisson, les légumes, les fruits ont plus que doublé de valeur, le renchérissement des céréales est presque insensible. Le prix du pain est à peu près le même qu’avant l’invasion de l’or nouveau. La différence ne dépasse pas un cinquième.

Ce phénomène paraît d’abord inexplicable, car les céréales forment la majeure partie de la production agricole. Pourquoi ne suivent-elles pas le mouvement universel de hausse des denrées alimentaires ? La propriété terrienne est maîtresse des prix. Comment ne fait-elle pas pour le blé ce qu’elle fait pour les fruits, les viandes, les légumes ?

On ne trouve guère d’autre raison que l’impossibilité. Le pain est le principal aliment des masses. Le reste ne forme qu’un accessoire, On a doublé et triplé le prix des accessoires sans trop d’obstacles. Mais comment doubler celui de la nourriture fondamentale ? Le salaire, n’ayant haussé que d’un cinquième ou d’un quart au maximum, serait impuissant à payer double l’alimentation du peuple.

C’est donc une question de vie ou de mort. Il n’est pas aisé de condamner à mort la population des travailleurs. Elle est la base de l’État. Cette nécessité se fait jour comme toute autre, et tient en échec les prétentions de la propriété. On se Contente de réduire l’ouvrier à la portion congrue.