Page:Bloney - Matériaux pour servir à l’histoire de la déesse buddhique Târâ.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

INTRODUCTION



Le présent travail a pour sujet la déesse buddhique Târâ. Jusqu’ici cette divinité n’était connue que par les rares mentions que lui accordaient les ouvrages généraux ; on savait aussi qu’un certain nombre d’hymnes adressés à cette divinité existaient en manuscrit dans les collections buddhiques.

Je me suis proposé de coordonner les documents principaux que j’ai recueillis sur Târâ, afin qu’il fût possible de se rendre compte du rôle que cette divinité et son culte ont joué dans le buddhisme.

Le hasard a mis à ma disposition trois textes qui caractérisent heureusement les différents aspects du sentiment religieux dans le buddhisme :

Le Sragdharâ stotra, composé par Sarvajñamitra, un lettré distingué qui se meut à l’aise dans les difficultés d’un mètre compliqué et qui met les ressources d’un style savant au service d’une foi ardente et d’une dévotion exaltée. Ce petit poème peut figurer parmi les inspirations les plus heureuses de la poésie personnelle à côté des Cent cinquante Stances de Mâtṛceṭa[1] qu’I-Tsing admirait comme un chef-d’œuvre, et surpasse assurément en mérite littéraire les hymnes buddhiques publiés jusqu’ici[2].

Les Cent huit Noms de Târâ ou Aryatârânâmâṣṭottaraçatakastotra forment avec l’œuvre de Sarvajñamitra un étrange contraste. Pour parfaire le nombre consacré, qu’une superstition commune imposait aux buddhistes aussi bien qu’aux brahmanes, l’auteur anonyme fait défiler une litanie d’épithètes incolores aisément

  1. Fujishima : Deux chapitres, etc.
  2. Minayeff : Mémoires de la Société Archéologique, t. II, fasc. 1, etc.