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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/175

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L’ÉVOCATION DU DIABLE

d’incognoscible, creuse l’éther d’un trouble ému. Ces voyelles, sculptent, l’âme éparse et molle de Satan, fixent ses lignes fluides, lui tissent un vêtement sonore, préparent l’automate inaperçu qui doit obéir au commandement du sombre et isolé adepte.

Maintenant le voici tout droit ; ses yeux d’un bleu sauvage inspectent l’ombre, se réjouissent déjà des prodromes du prestige. Le reptile bondit sous la cloche de verre, frappe les parois, épouvanté, se gonfle, devient énorme et fantastique ; l’ivresse où il s’agite à cause de son prince qui va venir, indique, jusqu’à l’excès de sa mort, la réussite. Pour coopérer à l’œuvre maudite, s’allégeant de ses énergies condensées, le sang humain se dessèche, blêmit, comme si des souffles chauds d’invisibles en avaient vaporisé l’essence pour y ravir la force de se montrer, pour se conférer l’illusion d’être vivants jusqu’au point de devenir visibles.

Le sorcier halète et, à son compagnon, d’un ton dur et sans réplique : « Entre dans le cercle, à mes côtés, tout près… donne le pacte… IL est là. » jeune homme, tu t’empresses, avide de connaître et de voir et d’interroger et de toucher peut-être, l’Esprit funèbre. Tu trembles ; le froid gagne tes os ; il te semble aussi que le sorcier médium te vide, que sa main qui se crispe sur ta nuque aspire en ventouse tes forces secrètes ; et tu t’étonnes et tu t’effrayes aux gestes incohérents de l’autre main qui, partant de l’ombilic, s’élance dans la direction du triangle, au delà du cercle, traversant chaque fois rhythmiquement la fumée du brasier. À quel affreux travail se livre cette main, qui semble arracher aux entrailles des épis magnétiques, remonte pour cueillir la vie psychique ruisselant en voyelles des lèvres,