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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/194

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LE SATANISME ET LA MAGIE

désordre plus légèrement que les robustes drilles. Voilà leur « Eldorado », leur « foire de Neuilly », leur « Moulin-Rouge », leur mardi-gras, leur mi-carême. Ils y aiment, se distraient, se reposent, retrouvent, loin de l’inégalité cruelle des autres jours, une minute incomparable d’égalité, ils ne craignent plus rien, narguent le Seigneur et le prêtre, lâchent leurs tripes et leur révolte, font la figue et la nique au Dieu despotique et clérical[1].


III
LES ANIMAUX ET LES ENFANTS AU SABBAT


Les animaux les plus décriés, les plus épouvantables, profitent de cette trêve d’ostracisme, usurpant la place des bêtes de luxe, glorifiant leur propre laideur, leur méchanceté.

Mis au banc de l’univers, « jeteurs de sort », sorciers (car le sorcier appartient à tous les règnes, même au végétal, même au minéral), convoqués au sabbat, habitués des prairies désolées et des mares croupissantes, félins ou reptiles, ou fauves, les voilà, en tumultueuse et joyeuse cohorte, suppôts de la Bonne-Mère-Perversité : chats, coqs, chats-huants, renards, loups, ours, serpents, porcs, basilics, crapauds. Dans cette mêlée foraine du sabbat, idéalisés par le triomphe, tout à coup métamorphosés à l’emprise d’un esprit inusité, ils s’élèvent par l’abêtissement des hommes et des

  1. De nos jours le sorcier se plaît encore quand il aborde les villes aux mystifications grossières de nos foires où tel « Pipento » rappelle le fascinateur d’antan.