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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/210

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LE SATANISME ET LA MAGIE

l’énorme idole remplisse l’horizon de tous les yeux. On dirait d’abord d’un géant noir ou rouge, gehenné, tourmenté et flamboyant, telle une fournaise crépusculaire. Comme sa voix articule à peine, cassée, morfondue, pareille à cette clameur qui traversa le monde païen aux heures des nazaréennes victoires : « Le grand Pan est mort ! » En effet, c’est le spectre de Pan ; car si vous vous rapprochez, il devient simplement un haut tronc d’arbre obscur, sans bras, sans pieds, sans tête ; parfois, çà et là, l’illusion d’un sexe qui n’est qu’une branche morte, le mensonge d’un visage qui n’est qu’un nœud de bois dur. Ah ! la reine maintenant redevient une simple laide femme ; la fausseté des affiquets vulgarise leur pompe ; le sordide de son âme noircit sa robe rutilante et même sa resplendissante chair.


C’est l’Introït.

Necato s’est levée, elle marche vers le Dieu amer, de ce même pas somnambulique des sacrificateurs d’Osiris ou des prêtresses de Moloch, ou des vestales de Muténus, qui asseyaient leur virginité sur les genoux rugueux du mystique mari. Elle s’affale sur le tronc d’arbre, s’y vautre, y périt au lavabo stérilisant d’une rosée de glace. L’office continue, tandis qu’elle agonise, hostie écorchée et douchée. Sur elle les démons pâtissiers et sommeliers fabriquent le pain et pressurent le vin des communions ; ses seins fument comme un fourneau mouillé de sueur ; la nappe est mise sur la croupe. Chacun se repaîtra de la formidable nourriture ; le lait vénéneux des euphorbes coule pour la boisson du sacrifice ; le gâteau est pétri d’une farine rouillée où fermenta la mort. Cependant,