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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/216

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LE SATANISME ET LA MAGIE

du temple, ni clergé, ni ornements ; il s’installe dans la maison de l’ennemi, capte ses desservants, endosse l’étole et escalade l’autel !

Tout est pour le mieux (c’est-à-dire au pire), l’apparente déroute cèle la profonde victoire, et si devant d’aussi sordides aberrations les documents historiques ne suffisent pas pour qu’elles soient crues des honnêtes et simples âmes, ce raisonnement les leur expliquera peut-être par une logique, que confirme le fait quotidien :

Qui peut, plus aisément que le prêtre, devenir magicien noir ? Sous sa main, tout est prêt pour le sacrilège, il n’a qu’à faire un geste pour salir, déchirer, assassiner son Dieu. Or, tout prêtre médiocre, — et combien y en a-t-il hélas ! — s’il a gardé sa foi, en sentant l’impossibilité pour son cœur de tout héroïsme, sombrera bientôt dans l’irréparable Crime, alléché par la promesse de ces réalisations immédiates et grossières que Dieu clément ne donne pas quand on le prie, mais, qu’impitoyable, il accorde parfois à qui l’outrage et le recrucifie encore !… La puissance d’évoquer Dieu fraternise par en bas avec le pouvoir d’appeler le Diable ; qui sait ouvrir le ciel n’ignore pas l’art d’arracher les portes de l’enfer. Puis, le suprême condiment du blasphème n’est-il pas de cracher en embrassant ou de mordre avec une bouche onctueuse ? La cafardise s’impose au disciple de Satan, à ce point que nous voyons les mages impurs de notre époque s’adjuger un vain sacerdoce, jouer avec l’hostie vide, — car leur consécration est heureusement impuissante, — manier le saint-chrême et d’un doigt érotique tacher des calices qu’ils firent bénir à des prêtres avares.