Aller au contenu

Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
LE SATANISME ET LA MAGIE

n’est plus nécessaire aux hommes de s’enfoncer dans les ténèbres et la douleur, mais qu’ils doivent ressusciter enfin pour saluer l’esprit de Manès qui est le Paraclet. » Puis regardant la pompe ecclésiastique éparse sur les marches et les dalles :

« Toi qui veux rappeler, par les dorures et par l’ampleur, qu’il y a des pouvoirs humains et des maîtres hiérarchiques, toi qui cèles l’auguste nudité seule agréable à Dieu et à la Dame, toi qui prétends faire croire, selon le mensonge de Pierre le faux apôtre, que l’exostérisme vaut mieux que l’ésotérisme, laisse à la chair glorieuse, — ô livrée qui n’est, malgré tes chamarrures, sur elle, que de l’ombre, — sa splendeur et sa lumière ! »

Le long silence semble troublé par le bégaiement de l’aurore aux vitraux ofiensés.

Et le prêtre, de la voix cadencée et monotone des incantations :

« Vie, écoute ; Mort, parle.

« Têtes puissantes vous qui fûtes l’Orient saluant l’Etoile d’Occident, Jésus annonciateur de Manès.

« Toi d’abord, Gaspard, ô très cruel, toi qui apportas, de l’or à nos pauvretés, livre-moi la sagesse de l’Avenir, apporte-moi le métal précieux du Conseil.

« Toi aussi, Melchior, vieillard orgueilleux, longue barbe semblable à la pâle Lune, toi qui offris l’encens à l’humilité, exalte ma sécheresse, fouaille ma lâcheté, enivre ma défaillance.

« Toi enfin, Balthazar, toi plus proche de moi, ô luxurieux ! tu aimas la reine de Sabba jusqu’à en mourir, aux pieds de la pureté tu répandis la myrrhe ; effréné la passion toute-puissante en mes sens rajeunis, marie-moi avec le