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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/254

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LE SATANISME ET LA MAGIE

des hommes vivants, sort d’un amas de sinistres gaudrioles ; je vais le remuer devant vous avec le regret que Rabelais ou Flaubert ne soient plus de ce monde pour s’esclaffer largement de cette incomparable et sincère extravagance[1].

Ce niquedouille se fait tirer les cartes ; c’est l’origine de tout le mal. Désormais les farfadets ne le quittent plus. Des jeux crasseux de la sorcière, le microbe de la fantomanie cabriole et, dans sa gambade, va tomber au fond de ce crâne indigent. Médecins, amis, voisins ou voisines, qui s’approchent de lui, sont tous des farfadets. À travers son récit, ils nous apparaissent, malfaisants et mystificateurs, se jouant de la crédulité de Berbiguier, parfois la vantant, parfois l’insultant ; ce qui revient au même. Ce rabâcheur ne trouve-t-il pas son poète qui rédige une complainte en son honneur sur l’air de : « Plaignez, plaignez le pauvre enfant. » (Alexis ou l’Erreur du Bon Père) ? Il y est proclamé « le fléau des farfadets ».

La victime en effet sait aussi s’acharner sur ses bourreaux, devient le plus féroce Torquemada des démons ; nous étudierons plus loin ses vengeances. Tout d’abord suivons cet historiographe de la larve dans sa minutieuse enquête ; elle nous éclaire sur certains mystères de la basse magie, et cet expérimentateur nous sera utile par sa fatale innocence.

  1. Un livre pittoresque, mais d’une médiocre ironie, parut en 1710, à Amsterdam, avec le titre : « L’Histoire des imaginations extravagantes de M. Oufle » ; il nous étale les ridicules d’un pauvre cerveau faible, que bouleversa la lecture des almanachs, des grimoires et des démonograplies. M. Oufle est un peu fantomane, mais surtout un illusionné, une dupe de gais compères. Il n’a pas l’ample fêlure de Berbiguier, fêlure par laquelle il émigré dans les égouts de l’invisible.