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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/272

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LE SATANISME ET LA MAGIE

j’écris ces lignes, il ne s’est pas écoulé un seul jour sans que ces ineffables jouissances ne se soient produites plusieurs fois ; et non pas comme on pourrait le croire d’une manière fugitive, que l’âme puisse à peine saisir, mais, à chaque fois, avec des reprises et des redoublements rapprochés qui pouvaient durer des heures entières…

« L’intensité de la jouissance s’accroît à mesure que se prolonge le plaisir…

« Ces voluptés si longues et si vives n’entraînent après elles aucune fatigue morale ou physique, voire même aucune satiété…

« Les organes qui participent au bonheur de l’âme restent pourtant tout à fait inertes, jamais le moindre effet physique n’est la suite de ces sensations.

« Dans ces moments de bonheur si complet, on sent réellement près de soi, contre soi, l’être adorable qui vous aime et qui vous le prouve par de si inestimables faveurs. On le sent sans le toucher, sans le voir et sans l’entendre, comme l’explique si bien sainte ; Thérèse, et l’on sait qui est cet esprit. Dans cette intimité si tendre et si profonde, la pensée répond à la pensée, et chaque élan d’amour est à l’instant rendu par une volupté plus vive, et par un baiser plus énergique, qui retentit quelquefois jusqu’au fond de la gorge. »


Certes, je me garderais de mettre en doute la sincérité de M. de Gaudemberg ; mais il est impossible d’admettre une telle sensualité, une volupté aussi matérielle, sans proscrire d’avance tout possible rapport avec la Vierge. Il faut, pour s’unir avec une entité aussi haute, un long et opiniâtre entraînement de mortification et de sainteté. Alors il peut y avoir amour, étreinte, mais sans ce spasme insolite, ce délice, charnel on peut dire, quoique l’organe paraisse insensible. M. de Gaudemberg est dupe de la phraséologie amoureuse de Sainte-Thérèse, qu’il prend au mot. L’amplexion mystique s’élance au delà des molles caresses. Elle ne pactise pas avec les baisers matériels et jamais la Vierge Mère aux sept glaives de douleurs n’aurait osé