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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/280

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LE SATANISME ET LA MAGIE

mieux taire révocation des morts défendue depuis Moïse ; car la vulgarisation de cette science serait à son autorité le plus pernicieux attentat.

Les saints, surtout les premiers ascètes, furent harcelés par l’atmosphère des antiques courtisanes défuntes, le vent de rut, sortant des sépulchres entr’ouverts, fils de ce paganisme qui si longtemps nous représenta Eros la torche à la main pour symboliser l’existence sous le soleil, et la torche renversée pour dire l’existence chez les ombres. La Légende Dorée cite un prêtre qui, assailli par une femme nue, jeta sur elle une étole. Sous le vêtement sacré resta un cadavre, que la fraude de Satan avait pour quelques heures ressuscité.

En fait cette lutte du vivant contre la mort amoureuse, lutte qui souvent se termina par des noces, date de l’avènement du Christ. Alors on crut davantage à la survivance et à l’inimitié du cadavre. Pour le païen, tout est la Vie. Les ombres, parquées dans les îles de l’au-delà, ne connaissent point l’enfer catholique, ces ténèbres extérieures où le doux prophète envoyait cependant l’homme méchant et le mauvais ange. Le Diable, roi de tant de tombeaux, irruera désormais, avec sa milice cuirassée de linceuls, vers les couches terrifiées. L’imagination populaire prête à cette armée invisible les flottes de ses cauchemars. Elles arrivent, ces âmes en peine, non seulement du cimetière, mais aussi des cloîtres, ces mystiques jardins du renoncement, d’où elles ont été chassées, où peut-être aussi elles sont nées aux déperditions fluidiques de l’ascétisme. Les vampires de Serbie furent particulièrement impitoyables, selon Gœrres ; ils étranglaient, suçaient les veines et lorsqu’on les exhumait, leur visage frais laissait suinter